Rare. Entailler verticalement une montagne, un rocher. Escarper un rocher pour faire passer une route (Rob.).Au fond des vallons qu'ils ont creusés, et au pied des rochers qu'ils ont escarpés (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 83).
− Emploi pronom. à sens passif. Devenir abrupt, difficile d'accès. Le chemin s'escarpe, les arbres deviennent rares (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 325).
♦ P. métaph. ou au fig. Devenir plus ardu :
Ce qui est plume pour les autres sera pour toi rocher. Les choses les plus simples s'escarperont. La vie se fera monstre autour de toi. Hugo, Misérables,t. 2, 1862, p. 120.
Rem. La docum. atteste escarpeur, subst. masc. Personne qui gravit une pente escarpée. Déjà M. de Saint-Amans, précédé d'un intrépide escarpeur, s'approchait du sommet (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 225).
Prononc. et Orth. : [εskaʀpe]. Ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. Av. 1543 trans. « tailler (un terrain, un rocher) de façon à le rendre difficile à franchir » (M. du Bellay, Mém., 10 ds DG); 1740-55 pronom. (Saint-Simon, Mém., t. III, p. 230 ds Adam, p. 53 : l'endroit où les montagnes s'escarpent); 2. 1582 part. passé adj. (R. et A. d'Aigneaux, Trad. de Virgile, fo233 rods Gdf. Compl.). Dér. de escarpe1*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 2.
ESCARPÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de escarper1*.
II.− Adjectif
A.− Qui est en pente abrupte. Rochers, montagnes escarpé(e)s. Au milieu des grands replis des monts escarpés (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hist. corse, 1881, p. 44).Un chemin escarpé et glissant surplombait la mer (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 683):
Bientôt elle se mit à gravir un coteau tellement escarpé, qu'elle était obligée continuellement, pour se soutenir, de s'accrocher d'une main à des branches d'arbres pendant que de l'autre elle tirait sa compagne après elle. Mérimée, Colomba,1840, p. 157.
B.− Au fig. Qui est d'un abord difficile.
1. [En parlant d'une chose] Se reposer de temps en temps d'un travail trop escarpé (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 254).
2. [En parlant d'une pers.] Il [Samuel] s'aperçut que cette femme était (...) plus escarpée qu'elle n'en avait l'air (Baudel., Fanfarlo,1847, p. 545).
Prononc. et Orth. : [εskaʀpe]. Ds Ac. dep. 1694. Fréq. abs. littér. : 353. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 046, b) 650; xxes. : a) 197, b) 140.
ESCARPER, verbe trans.
Vx et arg. Assassiner quelqu'un (pour le voler) :
− ... il n'y a plus qu'une chose à faire. − L'escarper! − C'est cela. C'étaient le mari et la femme qui tenaient conseil. Thénardier marcha à pas lents vers la table, ouvrit le tiroir et y prit le couteau. Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 960.
Prononc. : [εskaʀpe]. Étymol. et Hist. 1800 « assassiner » (P. Leclair, Hist. brig. et assas. Orgères, p. 129). Prob. empr. au prov. escarpi « déchirer, mettre en pièces » (Mistral), déjà attesté en a. prov. (v. Rayn. et Lévy Prov.), propr. « écharper » (v. ce mot). Fréq. abs. littér. : 1. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 238.