samedi 6 septembre 2025

OBSCÉNITÉ, subst. fém.

 A. − Caractère de ce qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité. Synon. immoralité, indécence.L'obscénité de son langage est révoltante (Ac.1935).La fille de joie des quais de Marseille, héritière de l'obscénité primitive (RenanDrames philos., Eau jouvence, 1881v, 4, p.514).Un Arlequin d'une obscénité inattendue, dont le costume collant et versicolore laisse, çà et là, par quelques losanges vides, apparaître un peu de chair (TouletNane, 1905, p.165).

− P. méton., le plus souvent au plur. Parole, action, image, objet qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité. Synon. cochonnerie(s), crudité(s), gravelure(s), saloperie(s) (vulg.).Les trois hommes causaient cochonneries, parlaient chacun d'une petite collection d'obscénités, dont ils se régalaient chez eux (GoncourtJournal, 1867, p.389).Et les lourdes plaisanteries commencèrent. C'étaient des bordées d'obscénités lâchées à travers la table. Et toutes sur la nuit nuptiale. (...) depuis cent ans, les mêmes grivoiseries servaient aux mêmes occasions (Maupass.Contes et nouv., t.1, Farce norm., 1882, p.65):
1. ... Chiffon (...) chantait et débitait des obscénités en relevant ses jupes; elle exhibait des cuisses marbrées d'ecchymoses et racontait comment son amant la mordait. BeauvoirMém. j. fille, 1958, p.307.
B. − Caractère de ce qui offense le bon goût par son inconvenance, son manque de pudeur; caractère de ce qui est choquant. Synon. grossièreté, indécence.Il existe dans ces effrayantes profondeurs morales si peu sondées, on ne sait quel étalage atroce et agréable qui est l'obscénité du crime (HugoTravaill. mer, 1866, p.213):
2. ... l'obscénité sentimentale est (...) abjecte; rien ne peut dépasser l'inconvenance d'un sujet qui s'effondre parce que son autre a pris un air absent, «alors qu'il y a encore tant d'hommes dans le monde qui meurent de faim, que tant de peuples luttent durement pour leur libération, etc.» R. BarthesFragments d'un discours amoureux, Paris, éd. du Seuil, 1977, p.210.
Prononc. et Orth.: [ɔpsenite]. Ac. 1694, 1718: obscenité; dep. 1740: -é-.  Étymol. et Hist. 1511 «paroles, images, actions obscènes» (Vies des saints Pères, foXXV vods Delb. Notes mss); 1663 «caractère de ce qui est obscène» (MolièreCrit. de l'école des femmes, sc. 3). Empr. au lat. obscenitas «indécence, obscénité; objet obscène». Fréq. abs. littér.: 145.

Littré
  • 1Défaut de ce qui est obscène. Climène : Il [un mot] a une obscénité qui n'est pas supportable. - Élise : Comment dites-vous ce mot-là, madame ? - Climène : Obscénité, madame. - Élise : Ah ! mon Dieu ! obscénité ; je ne sais ce que ce mot veut dire ; mais je le trouve le plus joli du mondeMolièreCritique, 3.J'ai le malheur de croire que la pruderie est une chose funeste en littérature, et que, jusqu'à l'obscénité exclusivement, l'art consacre et purifie tout ce qu'il toucheSainte-BeuvePoésie française au 16e siècle, préface.

    La phrase de Molière montre qu'alors obscénité était un néologisme.

  • 2Chose obscène. Dire des obscénités. Ce tableau est une obscénité.

ÉTYMOLOGIE

Lat. obscenitatem, de obscenus.