I.− Manière d'aller, de se mouvoir.
A.− Rare ou vieilli. [Sans idée de vitesse]
1. [En parlant d'une pers.] Allure souple :
1. Et, la regardant de côté, il lui trouvait l'allure souple et ferme qu'il aimait. Il remarquait la petite secousse que par instants sa tête volontaire donnait aux brins de gui piqués à sa toque. A. France, Le Lys rouge,1894, p. 74.
2. Il suffisait de voir cette face à peau luisante, les yeux un rien ahuris, et la bouche entr'ouverte, à la façon des pitauds de campagne. Et surtout cette allure démanchée comme si les quatre membres avaient du jeu... H. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 22.
− Rare. Une allure de tête. Une manière de faire aller la tête, un port de tête (cf. Ch. Baudelaire, Paradis artificiels, Un Mangeur d'opium, 1860, p. 408).
2. [En parlant d'un animal] :
3. ... il [le jeune homme] lança au grand trot son cheval dont l'allure saccadée faisait sauter les deux femmes. G. de Maupassant, Une Vie,1883, p. 235.
Rem. ,,En parlant du cheval, il [le mot allure] s'emploie quelquefois au pluriel.`` (Ac. t. 1 1932) :
4. Louis de Camors (...) descendait vers Paris aux grandes allures de son trotteur Fitz-Aymon... O. Feuillet, Monsieur de Camors,1867, p. 30.
♦ Un bidet d'allure. Cf. bidet.
− Spéc., VÉN. ,,T[ou]j[ours] au pl[ur.], traces laissées par le pied d'une bête, mais considérées uniquement au point de vue de la distance et de la position des pieds de derrière par rapport à ceux de devant.`` (Remig. 1963).
Rem. 1. Emploi attesté cependant au sing. ds Quillet 1965 : ,,Allure du gibier, manière dont le gibier a l'habitude de poser ses pieds en marchant ...`` 2. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Nouv. Lar. ill. indiquent aussi l'emploi ainsi défini : « endroit par où elles (les bêtes fauves) ou il (le cerf) passe(nt) », emploi que conteste fortement Remig. 1963 et qu'il attribue à un contresens de Balliot du Pré.
− MÉTALL. ,,Manière dont s'effectue le cycle de chauffage ou de refroidissement d'un four qu'il soit de fusion ou de traitement thermique.`` (Bader-Th. 1962) :
5. Stérilisateur électrique (110 volts) en cuivre nickelé, à deux allures (air sec ou ébullition), de 14 X 6 X 4,5 cent.Collin, Catalogue d'instruments de chirurgie,1835, p. 437.
B.− [Avec une idée de vitesse] Allure rapide; modérer l'allure.
1.− [En parlant d'une pers.]
6. ... j'observai que la marche m'entretient souvent dans une vive production d'idées, avec laquelle elle manifeste parfois une sorte de réciprocité : l'allure excitant les pensées, les pensées modifiant l'allure; l'une fige le marcheur, l'autre presse son pas. P. Valéry, Variétés 5,1944, p. 93.
− Au fig.
7. 27. Jusqu'à présent j'ai cherché à me mettre au ton de tout le monde et, dans les sociétés où j'ai vécu, avec les hommes que j'ai fréquentés, j'ai tâché de courir pour rattraper les plus lestes ou de m'élancer à la hauteur des hommes supérieurs à moi, c'était une fatigue, une tension qui me mettait mal à l'aise. Maintenant je marche mieux à mon pas; j'ai mon allure, et je laisse les autres s'en aller seuls, si je ne puis pas les suivre sans effort; je suis plus moi-même, j'ai plus d'aplomb. Maine de Biran, Journal,1815, p. 83.
Rem. À propos du syntagme à toute allure, cf. Hanse 1949 : ,,À toute allure paraît (...) n'avoir aucun sens. Il faudrait dire : à vive allure. Mais à toute allure paraît aussi acceptable qu'à toute bride, à toutes jambes.`` Cf. encore en toute hâte, à toute vitesse. Tout signifie ici « poussé à son maximum possible » comme dans d'autres où tout est construit sans art. avec un nom abstr. au sing. : donner toute satisfaction, en toute sûreté, etc.
2. [En parlant d'un animal, en partie du cheval] :
8. Les chevaux bien restaurés montrèrent beaucoup d'ardeur, et, presque tout le temps, ils se maintinrent à l'allure du petit galop de chasse. J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 186.
3. [En parlant d'un moyen de locomotion] Synon. vitesse :
9. As-tu songé à ce qu'avait dû être mardi dernier le duel de Duray et de Lancia, qui ont marché pendant trente kilomètres la roue dans la roue à une allure de 160 ou 180 à l'heure, et le moment où Duray, au péril de sa vie, a dépassé l'autre dans un virage qu'il a pris en dehors. J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A.-F., juill. 1907, p. 187.
− P. anal. [En parlant de choses susceptibles d'un certain rythme (de fonctionnement)] :
10. ... si les choses vont à cette allure, je crains que ça ne coûte très cher. G. Duhamel, Journal de Salavin,1927, p. 48.
11. Ce fonctionnement [de la Base Universitaire du Centre Méditerranéen] assurera la marche régulière de notre établissement, ce qu'on peut nommer son allure de régime. P. Valéry, Regards sur le monde actuel,1931, p. 309.
− Emplois spéc.
♦ MÉTALL. ,,Vitesse à laquelle marchent différents appareils industriels, en particulier le haut-fourneau : allures froide, chaude, rapide.`` (Duval 1959). Cf. p. ex. allure de la chaudière (L. Ser, Traité de physique industrielle, t. 2, 1980, p. 167).
♦ PHONÉT. Allure du débit :
12. ... l'allure de l'énoncé (dire aussi parfois mouvement), (...) selon qu'elle est lente (...) ou rapide (...) ou saccadée (...), peut être invoquée pour expliquer certains traitements phonétiques exceptionnels (...)Mar.Lex.1951.
♦ PSYCHOL. (organ. du travail). Jugement d'allure. ,,En matière d'organisation du travail, appréciation de la vitesse d'exécution de certains actes en fonction des normes adoptées. C'est le chronométrage qui objective ce jugement.`` (Piéron 1963).
II.− P. ext. et au fig. Manière dont se présente une personne ou une chose.
A.− [En parlant d'une pers. ou de ce qui lui est propre]
1. Manière de se tenir ou de se comporter :
13. Nous n'avons peut-être, ni vous, ni moi, par l'allure de notre caractère et le tour de notre esprit ce qu'il faut pour bien apprécier ses qualités [de Villèle], mais soyons justes... F.-R. de Chateaubriand, Correspondance générale, t. 2, 1789-1824, p. 176.
14. L'essentiel, en ces courtes fantaisies [les ballades de Victor Hugo], c'est l'allure, la tournure, la dégaine cléricale, monacale, royale, seigneuriale, du personnage, et sa haute couleur. Ch.-A. Sainte-Beuve, Vie et pensées de Joseph Delorme,1829, p. 147.
15. De l'autre côté de la montagne au pied de laquelle gît notre village abandonné, il est impossible de labourer avec des charrues à roues, les terres n'ont pas assez de fond; eh bien, si le maire de cette commune voulait imiter notre allure, il ruinerait ses administrés, je lui ai conseillé de faire des vignobles; et, l'année dernière, ce petit pays a eu des récoltes excellentes, il échange son vin contre notre blé. H. de Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 59.
16. Je lui ai dû certainement, quand j'étais enfant, ma meilleure notion de ce qu'était une « cocotte », comme je disais alors. Telle je l'ai retrouvée à Calais, toujours très mince et très brune, avec les mêmes allures dégagées.Elle avait laissé tout à fait de côté sa pose de femme mariée et de mère de famille, pour n'être plus, dans mes bras, qu'une femme charmante. P. Léautaud, In memoriam,1905, p. 188.
17. Il semble d'ailleurs n'y avoir aucun rapport entre la virulence de ces parasites et l'allure clinique de la maladie humaine... Brumpt, Précis de parasitologie,1910, p. 131.
18. Il examinait son frère avec stupéfaction, s'efforçant d'analyser ce changement complet d'aspect, d'allure, de physionomie, qui paralysait son élan. R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 690.
♦ Avoir grande, fière allure; avoir des allures mystérieuses :
19. Nous autres, pauvres comédiens, ombres de la vie humaine et fantômes des personnages de toute condition, à défaut de l'être, nous avons au moins le paraître, qui lui ressemble comme le reflet ressemble à la chose. Quand il nous plaît, grâce à notre garde-robe où sont tous nos royaumes, patrimoines et seigneuries, nous prenons l'apparence de princes, hauts barons, gentilshommes de fière allure et de galante mine. Pour quelques heures nous égalons en bravoure d'ajustements ceux qui s'en piquent le plus... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 96.
20. Saint-Cyran ne veut que le bien. Il est vrai que, par ses allures mystérieuses, ses airs de prophète, ses propos inconsidérés, ce malade inquiète à bon droit les clairvoyants. H. Bremond, Hist. littéraire du sentiment,t. 4, 1920, p. 421.
2. Absol. Avoir de l'allure. Avoir de la distinction, de la classe; d'où allure, distinction, élégance :
21. Il était vraiment encore bel homme, bien que tout gris. Haut, svelte, élégant, sans ventre, le visage maigre avec une fine moustache de nuance douteuse, qui pouvait passer pour blonde, il avait de l'allure, de la noblesse, de la distinction, ce chic enfin, ce je ne sais quoi qui établit entre deux hommes plus de différence que les millions. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Fini, 1885, p. 1015.
22. L'insolite vocation de mon père s'explique, je crois, par son statut social. Son nom, certaines relations familiales, des camaraderies d'enfance, des amitiés de jeune homme le convainquirent qu'il appartenait à l'aristocratie; il en adopta les valeurs. Il appréciait les gestes élégants, les jolis sentiments, la désinvolture, l'allure, le panache, la frivolité, l'ironie. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 36.
− Gén. au plur. et péj. Avoir des allures.
♦ Vx. ,,Avoir un commerce secret de galanterie.`` (Besch. 1845).
Rem. Attesté ds Ac. 1835-1878, Littré, Guérin 1892.
♦ Manigancer des intrigues, des mauvais coups :
23. « Sitôt sa mission politique remplie, l'inspecteur Javert s'assurera, par une surveillance spéciale, s'il est vrai que des malfaiteurs aient des allures sur la berge de la rive droite de la Seine, près le pont d'Iéna. » V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 342.
♦ Prendre des allures. Prendre des manières trop libres. Il prend de ces allures! :
24. [MmePipelet :] c'est une maison on ne peut pas plus embêtante [par la dévotion] ... où il n'y a jamais de risque qu'une jeune fille prenne des allures. E. Sue, Les Mystères de Paris,t. 5, 1842-1843, p. 279.
25. Oh! Ne faites pas la terrible, Madame! Sur mon ame, je ne vous crains pas! Je sais vos allures. Je ne me laisserai pas empoisonner comme votre premier mari, ce pauvre gentilhomme d'Espagne dont je ne sais plus le nom, ni vous non plus! V. Hugo, Lucrèce Borgia,1833, II, part. 1, 4, p. 102.
B.− [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Prendre l'allure (de), avoir l'(une, les) allure(s) de; avoir grande allure, avoir de l'allure.
1. [Concerne une chose concr.] :
26. Quelques jours après cette rencontre, Albert de Morcerf vint faire visite au comte de Monte-Cristo dans sa maison des Champs-Élysées, qui avait déjà pris cette allure de palais que le comte, grâce à son immense fortune, donnait à ses habitations même les plus passagères. A. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 787.
− Spécialement
♦ MAR. ,,Direction que suit un navire par rapport à celle du vent. Par extension se dit de la disposition de la voilure pour suivre cette route`` (Gruss 1952) : ,,allure vent arrière, allure du largue, etc. Allure du plus près (...). Allure du petit largue (...). Allure du largue ou vent de travers (...). Allure du grand largue (...). Allure du vent arrière (...)`` (Gruss 1952) :
27. ... la Tankadère navigua dans les passes capricieuses de Hong-Kong, et sous toutes les allures, au plus prèsou vent arrière, elle se comporta admirablement. J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,1873, p. 114.
♦ MINÉR. ,,Disposition générale d'un gisement au point de vue de la pente, de l'orientation, de l'épaisseur.`` (Lar. encyclop.) :
28. Les couches de houille présentent, en général (...) une grande régularité d'allure et de remplissage... J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 118.
2. [Concerne un art, une chose abstr., etc.] :
29. Du Bellay, en effet, qui proscrivait les chansons en faisait de fort jolies, et Marmontel en cite une qu'il compare aux meilleures d'Anacréon et de Marot. On y est frappé, entre autres mérites, de la libre allure, et en quelque sorte de la fluidité courante de la phrase poétique, qui se déroule et serpente sans effort à travers les sinuosités de la rime... Ch.-A. Sainte-Beuve, Tableau hist. et crit. de la poésie française et du théâtre français au XVIesiècle,1828, p. 60.
30. Je crois que le poussait l'amour moins de chaque homme en particulier que de l'humanité tout entière et, plus abstraitement encore : de la justice. Il donnait à sa charité l'allure d'un devoir social... A. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 512.
31. Considérer ce qui a été trouvé comme ce qui devait être cherché. Et donc essayer si l'allure, la nature, la figure générale de ce qui a été trouvé jusqu'ici, ne devrait pas modifier le sens accoutumé de nos recherches? P. Valéry, Tel quel I,1941, p. 93.
3. [Concerne une valeur boursière] :
32. ... bien souvent, les actionnaires ne connaissent à aucun degré le fonctionnement réel de l'entreprise possédée par eux. Ils ne l'ont jamais vue fonctionner. Ils en ignorent le mécanisme technique et économique. Ils n'en savent ou ils n'en demandent qu'une chose : que rapporte-t-elle? Quel en est le dividende? Quelle en est l'allure sur le marché des valeurs? J. Jaurès, Études socialistes,1901, p. 257.
Prononc. ET ORTH. : [aly:ʀ]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit : allûre ou alûre et recommande l'emploi d'un accent circonflexe sur le u (Fér. 1768 : allure).
Étymol. ET HIST. − Ca 1170 aleure « vitesse de déplacement, train, marche » (Vie de St Gilles, 918 ds DG : Grant aleure veit la nef); 1174 alure « id. » (Th. le Mart., 47 ds Gdf. Compl. : Grant alure s'en est a la porte venuz); 1532 « façon de se comporter » (Rabelais, Pantagruel, IV, 38 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p. 762 : Elle [Melusine] toutes foys [son corps se terminant en serpent] avoyt alleures braves et guallantes). Dér. de aller*; suff. -ure*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 093. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 911, b) 3 040; xxes. : a) 4 262, b) 3 931.
Littré
allure
(a-lu-r') s. f.
HISTORIQUEXIIe s.Si tost cum li ber fu sur sun cheval sailluz, Grant alure s'en est à la porte venuz, Th. le mart. 47. Sur les chiefs des trefs ki furent defors, furent faiz unes allures de set alnes [aunes] de led [large], Rois, 246. Et li reis Achazias chaïd as alures amunt de une sue maisun qu'il out en Samarie, si en fud malade e mahaignez, ib. 844. XIIIe s. Lors m'en alai grant aleüre [vitesse], la Rose, 513. Dont chevaucha à toute sa bataille vers les fuians grant aleüre, Villehardouin, 144. Les messagers le roi ariverent au port d'Antioche et dès Antioche jusques à leur grant roy trouverent bien un an d'aleüre à chevaucher dix lieues le jor, Joinville, 262. XVe s. [Il] ot belle aleure, voix d'omme de beau ton, Christine de Pisan, Charles V, I, ch. 17. XVIe s. Dont à l'heure Thony s'en vint sur le pré grand alleure Nous accorder, Marot, I, 221. S'ilz alloyent de cul, vous eussiez estimé estre leur alleure naturelle, Rabelais, Pant. V, 29. L'ennemy n'osa faire contenance de les attendre, ains print le chemin pour se retirer aux grandes alleures à Verceil, Du Bellay, M. 251. ÉTYMOLOGIEAller. La forme ancienne régulière est aleüre, dont la contraction s'est faite de très bonne heure et qui suppose un bas-latin, alatura. |
jeudi 13 juin 2019
ALLURE, subst. fém.
CONFIDENCE, subst. fém.
A.− Vieilli. Confiance intime. Mon cher Maître, je continue à mettre toute ma confiance et toute ma confidence en vous(Verlaine, Correspondance[avec V. Hugo], t. 3, 1873, p. 145).Le petit visage d'Augustin est tendu, fermé, sans confidence (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 82).
− P. métaph. Nos maîtres laïques ont gardé tout notre cœur et ils ont notre entière confidence (Péguy, L'Argent,1913, p. 1120).
♦ En confidence. L'oriental lui semblait bien plus que nous en confidence avec la dignité de son propre corps (Jouhandeau, M. Godeau intime,1926, p. 176).
− P. méton., DR. CANONIQUE. ,,Convention secrète et illicite, par laquelle une personne donne ou fait donner un bénéfice à une autre, à la charge que le titulaire lui en donnera ou lui en laissera la disposition et le revenu. Tenir un bénéfice en confidence, par confidence`` (Ac. 1835, 1878).
B.− Communication particulière le plus souvent orale que l'on donne ou que l'on reçoit sous le sceau du secret. Faire, ne pas faire de/des confidences; se faire des confidences. Ces dames (...) se faisaient leurs confidences (J. Lorrain, Contes pour lire à la chandelle,1897, p. 53):
1. ... en même temps qu'il faut supprimer absolument des attributions domestiques tout ce qui les rend avilissantes, il faut supprimer la familiarité morale, les confidences, les épanchements, même les entretiens inutiles et les causeries oiseuses. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 442.
2. Il adorait les confidences, les longues analyses de pensée, et la sincérité totale lui paraissait plus facile avec Claire parce qu'elle n'était pas sa maîtresse. Maurois, Ariel ou la vie de Shelley,1923, p. 184.
SYNT. Confidence agréable, délicate, imprudente; confidences détaillées, interminables, scabreuses; fausse, naïve confidence; confidence d'un propos, d'un secret; confidence de ses chagrins, de ses pensées; confidence (d') des alcôves; un cahier de confidences; besoin de confidence; poids d'une confidence; être dans la confidence; attirer une confidence; échanger des confidences; répugner aux confidences; reculer devant une confidence; provoquer, révéler, trahir les confidences de qqn; se laisser aller à des confidences.
♦ Être, mettre dans la confidence :
3. « Il paraît, dis-je en moi-même, que je ne suis pas le seul dans la confidence et que le secret de Périclès ressemblera bientôt au secret de Polichinelle. » About, Le Roi des montagnes,1857, p. 199.
♦ Fausse confidence :
4. Ce même instinct de comédie qui m'avait guidé dans ma fausse confidence me fit mettre derrière chaque phrase l'intonation que je jugeais devoir lui plaire davantage. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 145.
− P. anal. Le Couchant retient un moment son quadrige Et c'est le Soir, l'insaisissable confidence (Laforgue, Poésies complètes,1887, p. 86):
5. ... de plus en plus, l'art devient une confidence, celle d'une âme individuelle, qui s'exprime et se rend visible tout entière à l'assemblée dispersée, indéfinie des autres âmes. Taine, Voyage en Italie,t. 2, 1866, p. 172.
− Loc. et expr. Aborder le chapitre, entrer dans la voie des confidences; être en veine de confidence; en grande, en toute confidence. De confidence en confidence, Monselet me conte sa peine, son ennui d'être gros (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1023).
♦ Vieilli, loc. adv. En confidence. Secrètement, sous le sceau du secret.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃fidɑ ̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1370 « confiance » (Oresme, Ethiques, éd. A.-D. Menut, prol., la); 2. 1610 « accord secret et illicite par lequel un ecclésiastique obtient et gère un bénéfice pour une autre personne » (Édit de Louis XIII, 1610, art. 1 ds Trév. 1704); 3. 1647 « action de communiquer quelque chose à quelqu'un sous le sceau du secret » (Corneille, Héraclius, II, 1, éd. Marty-Laveaux). Empr. au lat. confidentia (confiance*). Le sens 3 est dû à l'influence de confident*. Fréq. abs. littér. : 2 183. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 511, b) 2 778; xxes. : a) 3 237, b) 3 705.
DÉR.
Confidentiaire, subst. masc.,dr. canonique. ,,Celui qui tient un bénéfice par confidence`` (Ac. 1835, 1878). P. anal.Personne substituée pour transmettre un bien à une autre que la loi n'autorise pas à accepter le dit bien. − [kɔ ̃fidɑ ̃sjε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1878. Fér. Crit. t. 1 1787 préférerait l'orth. confidenciaire p. anal. avec confidence. − 1reattest. 1586 (E. Pasquier, Lettres, XV, 18 ds Hug.); de confidence, suff. -(i)aire*.
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Dictionnaire de l'Académie française, 1st Edition (1694)
Dictionnaire de l'Académie française, 4th Edition (1762)confidence
Dictionnaire de l'Académie française, 5th Edition (1798)confidence
Dictionnaire de l'Académie française, 6th Edition (1835)confidence confidence
Émile Littré: Dictionnaire de la langue française (1872-77)
Dictionnaire de l'Académie française, 8th Edition (1932-5)
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