dimanche 23 octobre 2022

TACT, subst. masc.

 A. − Sens du toucher.

1. Vieilli. Sens du toucher qui sert à apprécier la solidité, la fluidité, l'humidité, la sécheresse, la température des corps.Reconnaître qqc. au tact; avoir un tact sûr. En passant à un chaînon plus élevé, nous avons vu le sens du tact se développer davantage, et des mouvements plus étendus se manifester pour aller chercher à quelques distances et choisir la nourriture (BroussaisPhrénol., 1836, leçon 3, p. 62).Les corpuscules du tact, répandus sur toute sa surface [de la peau], sont sensibles à la pression, à la douleur, à la chaleur, et au froid. Ceux qui sont placés dans la muqueuse de la langue sont impressionnés par certaines qualités des aliments, et aussi par la température (CarrelL'Homme, 1935, p. 76).
2. Mod., PHYSIOL. Aspect du sens du toucher qui permet d'apprécier les divers stimuli mécaniques qui s'exercent sur la peau et les muqueuses (contact, pression, traction, etc.). Le tact est l'une des modalités de la sensibilité cutanée. Les récepteurs du tact répondent d'une manière spécifique aux stimulations mécaniques (Thinès-Lemp.1975).
3. Vx, rare. Synon. de contact.La neige qui fondait au tact du rayon rose (Lamart.Jocelyn,1936, p. 637).
4. Spécialement
a) ESCR. Var. de tac1(v. ce mot II B). Quand il y a écart de l'épée après la parade, la riposte doit partir de suite, ce qui s'appelle riposter du tact au tact (EmbryDict. d'escrime, 1859ds Petiot 1982).
b) ÉQUIT. ,,Le tact équestre consiste à choisir les aides déterminantes et les aides régulatrices, à répartir entre elles la part d'action, de résistance ou de passivité qui revient à chacune, et enfin à faire intervenir l'effort au point voulu et au moment voulu`` (Féd. fr. sports équestres, Manuel, 1969, ibid.).
B. − Au fig.
1. Faculté de juger rapidement et avec sûreté, au moyen de l'intuition, sur de simples indices. Avoir le tact de ce qu'il faut dire, faire; manquer de tact. Lesquelles gens, lorsqu'ils racontent quelque chose qu'ils ont vu, font preuve d'observation, ont le tact des nuances (GoncourtJournal, 1860, p. 776).
− Avoir le tact de + inf.Le comte Artoff s'est lié avec le duc, et, bien que Baccarat ait le tact de ne jamais accompagner son mari dans le monde, elle est reçue dans l'intimité à l'hôtel de Sallandrera (Ponson du Terr.Rocambole, t. 4, 1859, p. 315).J'espère que vous aurez le tact de me débarrasser bientôt de votre présence (G. LerouxParfum, 1908, p. 119).
− Tact littéraire, médical, poétique, politique. Que ne puis-je avoir eu (...) votre tact littéraire? (Lamart.Corresp., 1831, p. 146).
2. Appréciation intuitive, fine, mesurée et sûre en matière de convenances, de goûts, d'usages. Synon. décence, délicatesse, doigté, politesse, pudeur, savoir-vivre.Montrer, manifester, témoigner du tact; faire preuve de tact; agir avec tact; discours plein de tact; manque de tact; homme de tact; tact délicat, exquis, fin, infini, parfait; grand tact. La jeune fille blonde (...), désireuse sans doute de prévenir avec tact des questions qui lui eussent été désagréables(ProustFugit., 1922, p. 574):
Voilà pourquoi la morale n'est pas seulement un art, une question de tact et de délicatesse, une virtuosité de la conscience chez quelques privilégiés, une affaire de goût (...). C'est une science qui se développe d'âge en âge selon des lois, à mesure que s'établissent en fait et que sont reconnus par la réflexion les rapports réels et l'agencement des actions ordinairement solidaires. BlondelAction, 1893, p. 284.
REM. 
Tactum, subst. fam.a) Méd., peu us. ,,Nature d'une sensation, en tant que résultant de l'excitation d'un organe déterminé`` (Méd. Biol. t. 3 1972). b) Philos. Ce que l'on touche; la sensation tactile (...) considérée dans son contenu (Lal. 1968). Si je pense au tactum buccal qui correspond aux mots que je conçois, je l'imagine aussitôt (V. Egger,La Parole intérieure,1881,p. 78, ds Lal. 1968).
Prononc. et Orth.: [takt]. La prononc. a hésité quant aux cons. finales. Ac. 1740 et suiv.: ,,Le c est le t se prononcent.`` Att. ds Ac. dep. 1694.  Étymol. et Hist. A. 1. [1376 « sens du toucher » (Modus et Ratio, éd. Blaze, fo25 vods Gdf. Compl.: est il homme qui ait le tact si soubtil comme l'areigne? [mais ds l'éd. G. Tilander, p. 60: le tast si soutil])], attest. isolée; à nouv. ca 1570 (A. Paré, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 81b: le sentiment du tact); 2. 1903 pêche pêche de tact (Nouv. Lar. ill.s.v. pêche). B. 1. a) 1751 « jugement fin, sûr, en matière de convenances, d'usage du monde » (Ch. DuclosConsidérations sur les mœurs de ce siècle, p. 60: la politesse [...] exige un tact si fin, un sentiment si délicat sur les convenances); b) 1754 « faculté de juger rapidement » (MontesquieuCorresp., p. 530: une grande finesse dans le tact); c) 1757 « appréciation intuitive de ce qu'il convient de dire ou de faire dans les relations humaines; délicatesse » (DiderotEntretiens sur le fils naturel ds Œuvres esthét., éd. P. Vernière, p. 126: il y a un tactmoral qui s'étend à tout, et que le méchant n'a point); 2. 1810 méd. tact médical (J. Capuron et P.-H. NystenNouv. dict. de méd. ds FEW t. 13, p. 30a). Empr. au lat.tactus « action de toucher; sens du toucher », dér. de tangere « toucher » (cf. tangent, tangible).  Fréq. abs. littér.: 756. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 290, b) 1 032; xxes.: a) 1 251, b) 808.  Bbg.Quem. DDL t. 32, 34.

ARÉOLE, subst. fém.

 I.− ,,Petite aire, petite surface`` (Ac. 1835-1932); interstice.

A.− ANAT. Petits espaces que les faisceaux de fibres laissent entre eux dans certains tissus formant de petites cavités ou cellules. Les aréoles du derme.
B.− BOT. ,,Espace polygonal circonscrit par les nervures à la face infér. d'une feuille de Fougère à nervures anastomosées`` (Baillon t. 1 1876).
C.− ZOOL. ,,Petit espace entre les nervures des ailes; petite cellule de l'aile`` (Séguy 1967).
II.− Petite surface circulaire, colorée.
A.− ANAT. Aréole du mamelon. Surface circulaire colorée entourant le mamelon du sein chez la femme :
1. ... Thérèse admirait son père d'avoir conquis cette belle femme, qui passait pour difficile et qu'on savait riche, malgré les embarras où la mettait son désordre fou. Elle demanda à Jacques s'il ne trouvait pas la princesse très belle. Il lui reconnaissait une splendeur animale et une saveur de chair trop forte à son gré; il lui imaginait des seins marqués d'une grande aréole brune, un ventre de safran, de soufre et d'ocre et des jambes velues. A. FranceLe Lys rouge,1894, p. 330.
2. ... sa mère avait été une femme de race inférieure et son origine restait douteuse. Sous un nez courbe, assez fin, on s'étonnait de lui voir des lèvres presque épaisses. Ses tout jeunes seins, très ronds, très petits et très séparés se couronnaient de grosses aréoles en boule : par là elle était fille du Nil. LouÿsAphrodite,1896, p. 166.
B.− BOT. ,,Se dit d'une tache circulaire à la surface d'un organe, par exemple celle qui occupe le fond de la corolle dans les Helianthemum guttatum ...`` (Baillon t. 1 1876).
C.− MÉD. Surface circulaire entourant une partie enflammée; en partic., boutons de la petite vérole, de la vaccine.
− P. anal., ASTRON. Cercle irisé qui entoure la lune, auréole.
DÉR. 1.
Aréolation, subst. fém.Biol. Disposition en aréoles dans un tissu quelconque. (1845, Besch.; de aréole* 2 b; suff. -ation, -tion*).
2.
Aréolé, ée, adj.Bot. Qui porte des aréoles. Ponctuations, surfaces aréolées. (1838, Ac. Compl. 1842; de aréole* étymol. 2; suff. *).
PRONONC. : [aʀeɔl]. − Aréolation. Dernière transcription ds Littré : a-ré-o-la-sion. Aréolé. Dernière transcription ds DG: à-ré-ò-lé.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1611 anat. « petite aire, petite surface » (Andre du ChesneControverses magiques, 632 ds Quem.: cet art [la chiromancie] divise premièrement la paume de la main en certaines montagnettes, aréoles et lignes, puis à chaque aréole faict commander une planète); d'où 1. a) av. 1718 anat. (Dionis ds Trév. 1740 : [...] Le mammelon est environné d'un cercle qu'on appelle aréole); 1814-20 id. (Nysten : Aréole [...] cercle coloré qui entoure ... certaines pustules comme celles de la variole et de la vaccine); b) 1823 astron. (Boiste); 2. a) 1814-20 anat. (Nysten : Aréole [...] petits espaces que laissent entre eux les vaisseaux capillaires ou d'autres parties); b) 1845 bot. (Besch.). 2 empr. au lat. areola « petite surface », PlineEpist., 5, 6, 20 ds TLL s.v., 503, 81 au sens de « cour d'une maison »; le sens 1 s'explique par une confusion avec auréole*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 14.
BBG. − Baillon t. 1 1876. − Bouillet 1859. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865 (et s.v. aréolé). − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mots rares 1965. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870. − Séguy 1967.

vendredi 7 octobre 2022

ÉPIGASTRE, subst. masc.

 ANAT. Région médiane et supérieure de l'abdomen, comprise entre l'ombilic et le sternum. Douleur à l'épigastre.Synon. usuel creux de l'estomac; anton. hypogastre.La solidité du point d'appui, qui soutient, à l'épigastre, tous les efforts musculaires (CabanisRapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 292).La vive sensibilité de l'épigastre et le resserrement des hypocondres (BalzacPeau chagr.,1831, p. 256):

... cette réflexion, une fois de plus, déterminait en Joseph une pénible sensation de constriction à l'épigastre, de malaise et même de nausée. DuhamelPassion Pasquier,1945, p. 180.
Rem. On rencontre ds la docum. épigastralgie, subst. fém., méd. ou pathol. Douleur à l'épigastre (cf. A.-F. ChomelÉlémens de pathol. gén., p. 164, note 1 ds Quem. DDL t. 8).
Prononc. et Orth. : [epigastʀ ̥]. Ds Ac. 1762-1932.  Étymol. et Hist. 1539 (J. Canappe5elivre de la méth. thérapeutique, p. 78 ds Fr. mod. t. 19, p. 20). Empr. au gr. ε ̓ π ι γ α ́ σ τ ρ ι ο ν proprement « ce qui est au-dessus du bas-ventre », composé de ε ̓ π ι ́ (v. épi-) et de γ α σ τ η ́ ρ, γ α σ τ ρ ο ́ ς « ventre, estomac ».  Fréq. abs. littér. : 49.
DÉR. 
Épigastrique, adj.Relatif à l'épigastre. Région, artère, douleur épigastrique. Anton. hypogastrique.Une sensation de constriction physique au niveau (...) digestif (boule épigastrique) (MounierTraité caract.,1946, p. 233). [epigastʀik]. Ds. Ac. 1762-1932.  1reattest. 1654 (Th. GeléeAnat. fr. en forme d'abrégé [augmentée du Traité des valvules] p. 153); de épigastre, suff. -ique*.  Fréq. abs. littér. : 25.

Littré : 
  • Terme d'anatomie. La partie supérieure de l'abdomen, laquelle s'étend de l'appendice xiphoïde jusqu'à deux travers de doigt de l'ombilic.

    Le premier segment ventral des hexapodes.